Il y au moins une chose certaine avec Parcoursup : partisans ou détracteurs du système guettent en permanence des signes qui dessineraient une tendance, entre scénario catastrophe ou première non pas réussie mais perfectible. On peut cependant déjà mesurer des conséquences dont on n’a pas fini de parler comme le primat de Parcoursup sur le bac. Aucune planète de la galaxie n’échappe à ce qui s’apparente à une vraie rupture dans le fonctionnement du système : ce qui fonctionnait séparément doit désormais converger. Parcoursup, le nouvel Apple store ?
Lettres de motivation non lues, décisions pas forcément « rationnelles », temps d’attente anxiogène, etc. : les critiques sont là à propos de Parcoursup. Mais toutes entrent dans un champ de référence qui admet le principe du choix de l’établissement. D’autant qu’une partie des filières était déjà sélective (prépas, STS, certaines licences).
Ce qui est nouveau à mon avis, et qui va durablement peser sur l’évolution de l’ESR français, c’est la convergence. Parcoursup, c’est un peu l’Apple store de l’ESR, avec une plateforme sur laquelle il faut être, chaque établissement devant se faire connaître et proposer la meilleure offre au public le plus concerné.
En attendant, on peut déjà cerner certaines tendances.
Côté prépas. Des prépas prestigieuses inquiètes, des filières de prépas ECT catastrophées, qui l’aurait cru il y a encore quelques semaines ? Si il y a + 11,7 % candidats en CPGE, il y a une baisse de -2,3 % du nombre de vœux confirmés par rapport à 2017. La voie royale à la française est en état de stupeur, même s’il est encore trop tôt pour faire un pronostic sur les taux définitifs de remplissage.
Côté écoles de commerce, déjà confrontées à des regroupements, des changements de statut, et une pression sur leurs financements, des gouvernances instables, patatras ! On va vers un bouleversement des banques d’épreuves, le réservoir des écoles. Avec des tas de questionnements sur les dates des épreuves, sur les étudiants internationaux…
Le basculement dès 2019 d’Atout +3 est justifié par la visibilité accrue qu’offre Parcoursup pour ses 9 écoles. Et les discussions font rage autour des autres concours ! On va donc assister à une redistribution des cartes en 2019.
Côté Lycées. Certains découvrent l’ampleur du problème, qui ne concerne pas que des lycées dans des zones dites « défavorisées » : leurs lycéens obtiennent très peu de oui par rapport à d’autres établissements, instituant de fait une hiérarchie dont les parents pourraient s’emparer.
Le séisme ne s’arrête pas là : l’irruption, même inégale, des professeurs principaux dans le champ de l’orientation, bouleverse des situations jugées immuables. Les COP, dont l’image chez les jeunes est plus que contrastée ? voient leur cœur de métier remis en cause. Pour ou contre Parcoursup, les enseignants se sont de toutes façons emparés du sujet, quitte à recommander positivement tous leurs élèves.
Côté universités. A force de réclamer de choisir leurs étudiants, des universitaires voient arriver l’inverse : les étudiants choisissent leurs filières. Et l’analyse fine des demandes va permettre de dresser une cartographie : quels sont les types d’étudiants par exemple qui demandent le plus le droit ?
Il y aura sans doute des surprises à la clé au sein des filières universitaires, IUT compris. Ce qui pourrait changer la donne au niveau pédagogique, le talon d’achille universitaire, c’est que les universitaires vont désormais avoir une meilleure connaissance de leurs étudiants.
Laisser un commentaire