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Les aléas de la nomination des successeurs de Jacques Biot à l’X (à nouveau candidat) et de Hervé Biausser à CentraleSupélec doivent faire sourire les universitaires, dont la gouvernance est souvent pointée du doigt. Ces 2 fleurons vivent une crise comme jamais qui va au-delà des personnes concernées. A la démocratie universitaire s’oppose ici le jeu des lobbies, qui ne semble pas être plus efficace ! Pendant ce temps, le MIT publie une étude sur le futur des formations en ingénierie les plus prometteuses : les fleurons français en sont absents. Les élites française se déliteraient-elles ? ?

The Lancet a lancé une charge virulente contre le système français à propos du manque de transparence dont il accuse la procédure de nomination à l’Inserm. « La réputation du milieu scientifique français a été endommagée par cet épisode, tant sur la scène nationale qu’internationale », peut-on ainsi lire dans l’édito du Lancet. « Macron a maintenant l’opportunité de réformer la culture de la recherche en France – et de signaler que certaines pratiques appartiennent au passé – en soutenant un processus de nomination ouvert et transparent et en encourageant la publication des noms des candidats et des membres du comité, et du contenu des délibérations ».

Les noms sont désormais connus (candidats et membres du comité) : on attend désormais la publicité des projets présentés et la raison du choix que fera le gouvernement. Mais la transparence suffit-elle ?

Du côté de l’X et de CentraleSupélec, les lobbies sont à l’œuvre dans des proportions qui sont à l’image de leur poids dans la société française. Les Grandes écoles opposent régulièrement à la démocratie universitaire et ses manœuvres à 3 bandes qui produisent régulièrement des présidents otages des corporatismes, leur gouvernance stable.

C’est désormais du passé : le turn over dans les écoles de commerce montre plutôt une instabilité chronique. Ce qui se passe sur le plateau de Saclay résume à lui tout seul les difficultés de notre ESR sur la scène internationale.

Car là, on atteint des sommets au niveau endogamie : il faut être un ancien centralien ou un ancien polytechnicien pour diriger ces écoles. La mondialisation de l’ESR ? Pas au courant  car il n’est même pas envisageable de nommer un scientifique étranger.

Le choix du dirigeant de l’X ne méconnaît pas les qualités des uns et des autres. Il survalorise avant tout le poids de leurs soutiens : Bercy, La Défense, les anciens, quelques grands patrons, éventuellement le MESRI, voilà là où ça se décide.

Résultat possible : d’un côté, un projet Newuni dont le dirigeant n’aurait aucun profil recherche, ce qui est cocasse lorsque l’on connaît la mission de l’ancien président de Caltech Jean-Loup Chameau.

De l’autre, un DG qui devra réussir l’intégration de CentraleSupélec dans le projet université Paris Saclay mais avec les sabots de plomb que les médias se plaisent à dénoncer chez la plèbe universitaire, les fameuses universités en déficit : la Cour des comptes dénonce une « situation financière préoccupante » en 2017 et connaît un risque d’insoutenabilité financière à moyen terme.

Le paradoxe est que l’Université Paris Saclay pourrait en sortir grande gagnante, non par sa gouvernance, mais par sa dynamique scientifique face à l’X, qui serait incapable de donner corps au projet d’un institut polytechnique de France capable de rivaliser avec ses modèles étrangers (Caltech, MIT, EPFL).

Pendant ce temps dans le monde réel

Selon une étude commandée par le MIT (« état de l’art global en matière de formation en ingénierie »),  il ressort que les écoles d’ingénieurs les plus innovantes et prometteuses sont en Asie et en Amérique latine. Quoiqu’on pense de cette étude, les écoles françaises sont absentes.

7 Responses to “X et CentraleSupélec…et MIT : les limites de l’entre-soi des 2 fleurons des Grandes écoles”

  1. Pouvez-vous expliciter ce qui est cocasse dans le profil recherche du directeur de l’X, au regard du rapport Chameau… C’est un peu cryptique, AMHA.

    • JL Chameau vient de Caltech : il met l’accent à propos du projet Newuni sur le lien formation-recherche, le doctorat, la référence à Caltech, MIT et Stanford. Donc je trouve cocasse qu’au même moment le choix du DG de l’X se fasse sur des critères des Grands corps français…et pas sur l’excellence scientifique.

  2. Bonjour,

    Pourriez-vous s’il vous plaît préciser ce passage dans votre texte:
     » : la Cour des comptes dénonce une “situation financière préoccupante” en 2017  »

    Par avance merci!

        • Le rapport CC c’est sur 2017, celui que vous mentionnez 2016. ce que je soulignais simplement c’est que l’on pointe du doigt (souvent à juste titre) la gestion approximative des universités vs la qualité supposée des grandes écoles. D’ailleurs, les déficits (ou situations dégradées) doivent se comparer au budgte global, les millions ne signifiant rien.

          • Parce que la footnote 53 du rapport de la Cour des Comptes disait explicitement:

            « Ce constat est provisoire dans la mesure où il a été réalisé en observant les comptes financiers 2015 et 2016, les budgets rectificatifs 2017 et les budgets initiaux 2018. En uin prochain, l’organisation d’un nouveau COPIL permettra d’affiner la liste au regard des données exécutées 2017 et des budgets rectificatifs 2018. »

            D’après moi, la principale incertitude est l’exécution du transfert sur le plateau de Saclay avec la première rentrée en septembre 2017 que la Cour estimait sous-évaluée. Si la Cour s’est trompée sur ce point capital, le reste des comptes ne souffrait pas de dégradation constatée malgré le désengagement très fort de l’état dans le financement de l’école…

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