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Grèves, manifestions et blocages quasi terminés, la date du 22 mai, avec ce qui a précédé et tout ce qui va suivre, fait désormais de Parcoursup le remplaçant du bac ! Toute l’attention des familles, des lycéens, mais évidemment des médias est désormais concentrée sur ce pré-choix. Avec tous les fantasmes, les angoisses, les espoirs aussi, qui vont avec. Alors que les jeunes privilégient de plus en plus les filières sélectives, quelles qu’elles soient, le jeu de chaises musicales au résultat encore inconnu, va permettre d’afficher la vérité de l’attractivité. Et le bac devient le dernier « sceau » à apposer, une fois que tout est écrit.

Sans préjuger des résultats 2018, il est clair que l’on assiste à une transformation profonde de notre système : les universités qui le souhaiteront en 2019 (cette année est une année de mise en place, même si certaines filières ont déjà mis en place un véritable profilage) vont pouvoir mettre en place des « profils » d’étudiants attendus.

Avec une difficulté majeure : contrairement aux universités étrangères, elles ne sont pas globalement courtisées, même si certaines de leurs filières le sont. L’enjeu pour elles sera de se rendre désirables afin d’attirer les meilleurs étudiants et de gérer en interne la différenciation à l’œuvre.

L’étude de l’évolution des inscriptions sur un échantillon de 8 universités dans lesquelles depuis 5 ans, perturbations et blocages se sont multipliés, montrent que les jeunes et leurs familles vont de plus en plus faire des choix : en faveur du privé, du public hors université, mais aussi entre universités.

Ce que Parcoursup va changer

Dans un pays rétif au mot sélection, quitte à plébisciter les filières sélectives depuis longtemps (le boom du privé en témoigne aussi), le changement en cours est profond. L’erreur majeure des détracteurs de Parcoursup a été d’idéologiser ce qui représente pour les familles un enjeu très concret. Elles se manifesteront d’ailleurs peut-être à l’occasion des vœux non satisfaits, des bugs éventuels etc.

L’acculturation des familles et des lycéens à la problématique du choix est désormais acquise. De fait, tout le monde se situe désormais sur le terrain choisi par le gouvernement et il faut bien le dire, par les établissements : plus rien n’est automatique.

C’est donc une transformation culturelle à plus long terme. Désormais, la carte des formations (je pense à l’insertion des bacs pros) devra être repensée sans cette soupape qu’était l’université. Même si ces bacheliers pros, qui semblent avoir commencé à intégrer une forme d’interdit sur certaines filières (le droit par exemple), peuvent tout à fait se reporter sur d’autres sans plus de chances de réussites.

Enfin, l’appétence pour les filières sélectives montre une demande forte pour un encadrement pédagogique, combinée à une forme de garantie : c’est sélectif, donc c’est valorisant. Certaines filières universitaires ont fait cette année de la dissuasion, pour éviter à des lycéens un échec assuré.

Mais un véritable choix doit être, tant pour l’université, l’école, la prépa, que pour l’étudiant un choix positif. L’université française entre désormais sur une autre planète, un peu comparable à la galaxie des écoles. Elle va devoir désormais redevenir attractive en L1, en ciblant les étudiants correspondants à ce type d’études. Les prépas sont-elles vouées à accueillir indéfiniment celles et ceux qui ont les meilleurs résultats scolaires ? C’est le défi des universités.

Et APB 2017, c’était comment ? Petit rappel chronologique

Un des arguments des opposants à Parcoursup et qui prédisent une catastrophe en 2018, est que le tirage au sort 2017 était très limité et que tous comptes faits, il y avait peu de problèmes. Et ils ont raison comme le montre ce petit rappel chronologique.

Cette première année de Parcoursup, menée à la hussarde, fait pourtant craindre à certains un bug dont l’Etat français est coutumier : sans parler des dérives de Sirhen, le logiciel de GHR de l’éducation nationale, ou encore de Louvois au Ministère de la Défense, la mise en œuvre calamiteuse du nouveau système de délivrance des cartes grises par l’ANTS témoigne de la faiblesse des process de l’administration française. Or, de ce point de vue, Parcoursup est autrement plus complexe mais avec un avantage : les opérateurs décentralisés ont intérêt à ce que cela marche… Et puis, comme d’habitude, le passé est magnifié, jusqu’à oublier la sectorisation rigide des années 70/80 ou encore les files d’attente place du Panthéon à partir de 3h du matin.

Un petit rappel de l’année 2017

Juin 2017. 169 licences sont concernées par le tirage au sort à l’issue de la première phase d’admission, contre 78 en 2016 et 189 en 2015. Le MESRI pointe 320 filières en tension.

Juillet 2017. 65 431 candidats sont en attente de proposition sur APB dont 38 002 néobacheliers, indique le MESRI le 21 juillet, deux jours après la fin de la 3e phase. Il s’agit en grande majorité des bacheliers professionnels (23 615) et de bacheliers technologiques (11 688). Les bacheliers généraux ne représentent que 2 699 de ces candidats. Parmi ces candidats en attente, près de 60 % d’entre eux (38 780) n’ont reçu aucune proposition sur leurs vœux, 26 651 ont postulé uniquement dans des filières sélectives pour lesquelles leur candidature n’a pas été retenue et un nombre inconnu s’est probablement inscrit dans une formation hors APB. Plus de 20 000 candidats se sont déjà inscrits dans le cadre de la procédure complémentaire qui offre 187 000 places et s’achèvera le 25 septembre.

Août 2017. Entre 3 000 et 5 000 candidats inscrits en procédure complémentaire sur APB n’ont toujours pas reçu de proposition d’admission dans un établissement supérieur, précise à France info Frédérique Vidal le 15 août 2017 (65 431 candidats étaient sans proposition). Plus de 20 000 candidats auraient trouvé des places en dehors de la procédure APB puisque selon Frédérique Vidal 14 % des établissements n’étaient pas dans la procédure.

30 août 2017. Dans l’académie de Paris, où se concentrent les problèmes, 1 142 candidats enregistrés sur la plateforme APB étaient encore en attente d’une proposition selon le rectorat. Sur ce total, 843 étaient titulaires d’un bac professionnel (74 %) ; 247 d’un bac technologique et 52 d’un bac général. 547 candidats étaient inscrits en procédure complémentaire, dans 78 % des cas des bacheliers professionnels (427) et dans 19 % des bacheliers technologiques (105 bacs technos).

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