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Alors que des universitaires font circuler depuis des semaines des chiffres fantaisistes sur les postes supprimés etc., je me suis livré à une petite étude : les universités plus ou moins concernées par les blocages depuis des années gagnent-elles ou perdent-elles des étudiants ? Et bien les résultats sont décapants ! Paris 3 Sorbonne Nouvelle, Paris 8 et Paris 10 connaissent des chutes spectaculaires sur 5 ans (Paris 1 et Paul Valéry s’en sortent moins mal), sachant que les premières tendances sur les vœux des lycéens pourraient accentuer ce phénomène. Mais les chiffres d’inscrits en master dans ces établissements sont le véritable signal d’alarme. Rennes 2 et Toulouse Jean-Jaurès connaissent un véritable effondrement. A découvrir et à commenter pour mieux comprendre les différences.

Bien sûr, les variations d’effectifs sont multifactorielles, puisque en L les bassins de recrutement sont assez contraints. Par contre, la tendance sur les inscriptions en master, avec une offre nationale et des mobilités réelles est un indicateur fiable de l’attractivité d’un établissement. La rigueur m’oblige à dire que d’autres universités non citées connaissent aussi des variations d’effectifs, ce qui de toutes les façons ne change rien à la situation difficile de celles que je décris. Mais je suis parti de l’hypothèse (à démontrer par des chercheurs ?) que les épisodes de perturbation à répétition pesaient sur le choix des étudiants.

Si en 5 ans les progressions des universités françaises ne sont pas exceptionnelles, par contre certaines baisses oui ! Et c’est cela qui est justement intéressant. Celles et ceux qui crient au loup sur les taux d’encadrement et les postes pourraient se voir rapidement rappeler une dure réalité !

Car ce qui frappe avant tout, c’est le décalage entre les déclarations péremptoires et catastrophistes dans ces universités sur la hausse des effectifs et la réalité des chiffres. Il n’y a pas de raz de marée, et pour cause : c’est même l’inverse. Depuis des années, la croissance de leurs effectifs est aussi captée d’une part par le système public dans et hors université, et d’autre part, dans des proportions importantes par le secteur privé, comme je l’ai déjà indiqué dans un article.

Quelles raisons à ces difficultés ?

Le plus inquiétant pour ces établissements, c’est l’affaissement, voire l’effondrement en master. Certaines universités connaissent la double peine : baisse du vivier, baisse des masters. D’autres gardent un vivier d’étudiants en L, mais font face à une fuite des masters.

Mais il est clair que ces universités traversent une crise durable, qui ne se réduit pas à la gouvernance ou aux blocages : y a-t-il un problème de qualité des masters dans un univers hyper-compétitif ? Est-ce un problème de réputation ?Y a-t-il une baisse du niveau de la recherche dans ces établissements ? Ou bien est-ce circonscrit à certaines disciplines ? Quelles sont les explications les plus plausibles ? Vos commentaires seront utiles !

La progression nationale des effectifs universitaires a été sur cette période de 5 ans (2012/2013 à 2016/2017) a été de 11% (Sources Open Data du MESRI)

Ces chiffres sont publics, accessibles également à tous les adeptes des « vérités alternatives ».

8 universités « perturbées » depuis 5 ans : l’évolution des chiffres d’inscrits

Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Une progression de + 6% dont + 7% en master. Il faut souligner que les épisodes majeurs de blocages concernent Tolbiac et Saint-Charles. Paris 1 est une des universités les plus dispersées en nombre de sites et semble surtout imperméable (sa gouvernance le montre) aux événements…

Paris 3 Sorbonne Nouvelle. La chute des effectifs est de – 7% et surtout de – 10% en master. Un signe inquiétant pour une université en quête d’identité, surtout avec son échec dans USPC et la création de Sorbonne Université.

Paris 8 (Vincennes à Saint-Denis). Bloquée pendant des semaines, elle a perdu en 5 ans 5 % de ses effectifs et baisse de 2 % en master, censés être la vitrine de sa différence.

Paris 10 Nanterre. Elle perd 3 % de ses effectifs, mais surtout – 16% en master !

Université Toulouse Jean Jaurès. Une hausse de 14% des effectifs, donc au-dessus de la tendance nationale, mais une chute énorme de 16% en master. Le « collège universitaire » dénoncé par les opposants à la fusion avec Paul Sabatier se rapproche-t-il ?

Université Lumière Lyon 2. Une hausse globale de 3% mais une baisse de 9 % en master. A comparer avec sa « rivale » Lyon 3 qui progresse de 9 % mais surtout de 13 % en master.

Université Rennes 2. Une croissance des effectifs de 5 %, mais une chute importante de – 14% en master.

Université Paul Valéry Montpellier. Alors que cette université a connu des épisodes nombreux de blocages, elle progresse globalement de + 6%, et connaît une remontée forte en master depuis 2014 avec + 8%.

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