C’est bientôt l’heure des vacances et cela peut être l’occasion de lever la tête du guidon (ah le Tour de France 🚴♂️!) pour (re)réfléchir sur divers sujets. Je vous propose une sélection, bien entendu subjective, de notes et rapports. Ce qui ne veut pas dire que j’en partage tous les constats et toutes les analyses et/ou propositions. Mais ils constituent des contributions intéressantes en ces temps où tout débat rationnel et serein paraît si difficile !
J’avais pointé en 2021 91 rapports et études sur l’ESRI. Sur 2022, pas de raison que le rythme baisse ! Il y a les rapports à relire du Conseil d’analyse économique et de la Cour des comptes et qui ont fait parler d’eux, sur ce blog aussi. Mais il existe également tous ces « signaux faibles » qui méritent d’être captés au sein de multiples notes et rapports moins en vue.
Commençons par les chiffres
Effectifs universitaires. 3 notes du SIES-MESRI font état d’une stabilité des inscriptions dans l’enseignement supérieur en milieu universitaire pour l’année 2021-2022, avec des nuances : le nombre d’inscrits en licence baisse (-1,2 %) avec la diminution des admis au baccalauréat, mais les effectifs en master augmentent de 2,9 % par rapport à l’année précédente. Les effectifs en DUT et BUT diminuent également (-4,9 %), avec une hausse de la part des bacheliers technologiques de « 6,6 points en un an » après l’instauration de quotas. Les effectifs en Inspé et leurs profils demeurent stables.
Étudiants en cycle ingénieur. Leur nombre augmente de 2,5 % à la rentrée 2021 par rapport la précédente, pour atteindre 158 200 inscrits, d’après une note du SIES-MESR. Cette progression est surtout « portée par les écoles privées et les écoles publiques hors tutelle du MESR » tandis que la part de l’apprentissage progresse, avec un étudiant sur cinq concerné. La part des femmes demeure en revanche faible, avec 29,1 % des inscrits, et « l’accès aux études d’ingénieur reste socialement peu diversifié ».
L’avenir des CPGE. Elles accueillent 83 400 étudiants à la rentrée 2021, un effectif en baisse par rapport à 2020 (-1,8 %), plus prononcée en 1e année (-2,5 %). La diminution de la présence des femmes (-3,2 %) explique en grande partie cette évolution. Mais il faut noter la crise des prépas économiques et commerciales (-4,5 %), concurrencées…par les bachelors des écoles de commerce ! C’est ce qui conduit l’APHEC à demander le grade licence à bac+3 pour ces étudiants
L’essor du privé. Sa part croit inexorablement puisqu’il forme 23 % des étudiants du supérieur, soit 671 400 étudiants. Les écoles de commerce, gestion et comptabilité (hors STS) comptent 33 % des étudiants du secteur privé, 23 % sont en lycée (STS y compris en apprentissage, CPGE), 10 % dans une école d’ingénieurs, 9 % dans une école paramédicale ou menant aux fonctions sociales, 8 % dans une école artistique ou culturelle et 6 % dans un établissement d’enseignement universitaire privé.
Le meilleur résumé chiffré de la situation, l’état de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Les ressources humaines
Non je n’ennuierai pas mes lectrices et lecteurs avec le RIPEC 😊! Mais la note suivante du SIES-MESR mérite d’être connue.
Les effets des départs en retraite des enseignants-chercheurs. Après une baisse continue entre 2010 et 2020, principalement sous l’effet de la démographie, les départs définitifs (retraites et autres départs) des enseignants-chercheurs titulaires (EC) rebondissent en 2021 et devraient croître fortement jusqu’en 2029 (+53 %), notamment en sciences (+ 97 %).
La formation
Débat autour de Parcoursup. Il est selon moi trop tôt pour tirer le bilan de la session 2022, en dehors du fait que la procédure a remplacé le bac. A côté du rapport 2021 (incontournable) du Comité éthique et scientifique de Parcoursup, on peut contradictoirement lire celui du collectif « Nos services publics », proche de la Nupes.
La filière professionnelle et la licence. Dans une note du think thank Terra Nova, le ‘père’ du bac pro, Daniel Bloch propose de « relier, sur le court terme, le baccalauréat professionnel au BTS tout en expérimentant des dispositifs conduisant, en trois ans, les bacheliers professionnels à un grade de bachelor professionnel », avec une année qui serait consacrée « à des périodes de formation rétribuées en milieu professionnel ». Ce bachelor professionnel serait « l’analogue du BUT « , tout en étant « adapté, de façon spécifique, aux acquis des bacheliers professionnels ». Dans une note pour le Cercle des économistes, l’ancien président de Paris-Dauphine-PSL, Laurent Batsch, revient sur cette question des licences différenciées et promeut l’idée d’un « corps des professeurs de licence », dont les rémunérations seraient alignées sur celles de professeurs de CPGE.
Droits d’inscription. Pourra-t-on, remarque personnelle, avoir un jour un débat « désidéologisé » (et courageux) sur cette question ? J’en doute mais dans une note rédigée à l’occasion des 22èmes Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, Akiko Suwa-Eisenmann, directrice de recherches Inrae et professeure à la Paris school of economics, défend à la fois une hausse du montant et du nombre de bourses et le développement des prêts étudiants. L’ancien président de Paris-Dauphine-PSL, Laurent Batsch, explore également dans sa note (voir supra) l’hypothèse d’une hausse des frais d’inscription.
La mobilité internationale et la baisse des candidatures d’étudiants asiatiques. Selon les chiffres clés de CampusFrance, le nombre de visas pour études délivrés par la France a augmenté de 25 % entre 2020 et 2021, une hausse qui permet de rattraper la chute due à la crise sanitaire. Surtout, les profils accueillis ont évolué avec une hausse du nombre d’étudiants d’Afrique et du Moyen-Orient et une baisse du flux d’Asiatiques (-10 %).
Recherche
Mise en œuvre de la LPR. La mission d’information du Sénat sur la mise en œuvre de la LPR, juge que « la LPR constitue un bon début de réinvestissement public dans la recherche, mais sa durée et son rythme sont à reconsidérer à l’aune du contexte inflationniste auquel la France est confrontée ». Ses rapporteurs LR, Laure Darcos et Stéphane Piednoir détaillent les difficultés autour des CPJ et formulent une série de recommandations.
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