Une photo de la conférence de presse d’HEC et du nouvel IPP a fait le « buzz » sur les réseaux sociaux car aucune femme n’y figurait. Rançon du succès des réseaux des Grandes écoles, conformément à une tradition bien française, médias et les leaders d’opinion se sont donc intéressés à elles … en l’occurrence négativement ! Au même moment, l’Université Paris Saclay montrait ses muscles et donnait aussi à voir, au-delà de la représentation des femmes, une vision archaïque d’un milieu académique qui se parle à lui-même.
Lors de cette conférence de presse d’HEC et du nouvel IPP, aucune femme (même si Elisabeth Crépon de l’ENSTA) était absente :
Lors de la conférence de presse de l’université Paris Saclay, une seule femme, la présidente Sylvie Retailleau :
La place des femmes n’est qu’un révélateur d’archaïsmes plus fondamentaux
De fait, ces 2 photos sont tout simplement représentatives de la place des femmes dans les fonctions de direction, et d’ailleurs pas seulement dans l’ESR. Je n’ai donc pas été surpris : auraient-ils mis des femmes non-dirigeantes pour faire « comme si » qu’on les aurait à juste titre accusés de manipulation.
Non, ce qui est le plus dérangeant, c’est cette impression d’être dans les années 50, et que les évolutions enregistrées depuis ne sont pas assimilées : la place des femmes évidemment mais aussi des discours conformistes (tout le monde est « enthousiaste »), autocentrés, diplomatiques (ah l’unité) mais surtout pas conquérants.
Ces discours ne peuvent qu’être inaudibles par la société ! C’est d’ailleurs le seul avantage de l’accord IPP-HEC : parler non à l’opinion publique mais aux grands corps qui sont et font l’État ?.
Une communication archaïque
L’image n’est ainsi que le reflet d’un mal plus profond, capté au travers d’un objectif photographique. Car ce qui a été peu relevé, c’est l’archaïsme de la communication, de la mise en scène (à supposer qu’il y en ait eu une consciente !).
Voici 2 projets qui veulent incarner l’innovation autour du plateau de Saclay et que font-ils ? Une présentation digne du comité central du PC de l’Union Soviétique avec alignement des dirigeants (et plus j’en montre plus je suis fort évidemment !). On espère qu’aucun dirigeant d’établissement ne disparaîtra de la photo si elle est retouchée ?.
Comment en 2019, des acteurs clés de la recherche et de l’innovation, qui se prévalent de l’expérience entrepreneuriale, de leur connaissance du marketing, ou encore de la puissance intellectuelle de leur projet, peuvent-ils commettre de telles fautes d’image ?
En effet, au-delà de l’anecdote de ces conférences de presse, c’est tout un style de communication, ampoulé, axé sur les structures et surtout qui ne fait pas rêver ! Mettons-nous quelques secondes à la place d’un responsable d’une université étrangère, du dirigeant d’une entreprise axée sur l’innovation de rupture, ou encore d’un étudiant : quelle image ringarde !
Mais au fait pourquoi ?
Les universitaires (oui il y en avait à HEC-IPP) continuent de croire que seule la force intellectuelle de leur discours a de l’importance et seules comptes les questions que se posent les universitaires entre eux. Il faut tout dire, sur tous les sujets : la thèse plutôt que la synthèse. Être la risée des médias, des réseaux sociaux a peu d’importance car c’est toujours la faute des autres qui ne comprennent pas.
La communication (savoir « se vendre ») est ainsi quasiment une faute morale, en tout cas pas une priorité et encore moins une nécessité professionnelle : rien ne peut remplacer la science et leur savoir.
Ils ne comprennent pas qu’à l’heure et à l’ère des fakes news, la communication est une arme politique. Voilà pourquoi ils marchent sur une jambe : ils/elles sont toujours incapables de donner une image positive, dynamique et lisible à la société.
Le véritable archaïsme est là : personne ne parle en termes compréhensibles à la société ?. Redisons-le : même les chasseurs font mieux, c’est dire. Au moment où s’ouvrent les discussions sur la loi Recherche, est-ce rassurant ?
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