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Difficile dans les circonstances actuelles de réfléchir sereinement. Je laisse aux “spécialistes” et futurologues auto-proclamés le soin de prédire, comme Madame Irma, notre avenir. Mais chacun, quel que soit son niveau d’études, sa classe sociale, son lieu d’habitation est conscient que plus rien ne sera comme avant. Des choses devront changer. Pour l’enseignement supérieur et la recherche aussi.

Les crises majeures ont au moins cet avantage de passer au révélateur l’organisation d’une société, ses forces et ses faiblesses, collectivement et individuellement. Et de déboucher sur des transformations majeures. Pour ce qui concerne l’enseignement supérieur et la recherche, je m’autorise “à chaud”, très prudemment et très modestement, quelques constats.

Science et pouvoirs publics

Les décideurs, quels qu’ils soient, semblent prendre conscience de l’importance de la science. Le fait que les pouvoirs publics s’appuient sur un conseil scientifique, que le directeur général de la santé (un scientifique) s’exprime en permanence, et pas seulement le ministre, sont une avancée majeure 1Au passage, on aimerait que, comme il y a bien longtemps, les fonctions de Dgesip et de Dgri ne soient plus des fonctions d’accompagnement du ou de la ministre : pourquoi faut-il par exemple, sur Parcoursup, que la Dgesip (ou le Dgesco) soit toujours dans l’ombre ?  . Je n’ai pas souvenir (mes lecteurs me démentiront peut-être) d’une telle démarche.

Cette dernière sera-t-elle appliquée à l’ensemble des sujets de notre société ? On peut en douter mais l’espérer quand même, lorsque l’on voit les attaques que subit par exemple l’Anses sur le glyphosate, ou encore les campagnes anti-vaccins. “Vous avez droit à votre propre opinion, mais pas à vos propres faits” disait le co lauréat du Prix Nobel d’économie, Paul Romer en défense du nécessaire éclairage scientifique.

La crise nous offre enfin une saisissante photographie de l’articulation indispensable entre temps long et temps court de la recherche. Les annonces sur la future LPPR traduiront-elles cette nécessité avec des financements à la hauteur ?

Côté chercheurs

La science n’avance pas en rangs serrés comme le montrent les désaccords, voire parfois les polémiques. Et parfois, elle ne sait pas. Et pourtant, même à Bercy, qui songerait aujourd’hui à se passer de son éclairage ? La capacité des scientifiques à gérer l’incertitude est un argument majeur pour refondre la formation des élites françaises, afin de faire face aux défis du futur.

Alors que chacun a un avis sur tout, c’est aussi leur responsabilité de convaincre l’opinion publique, inlassablement, que la science n’est pas une boule de cristal. Et que ces “bienfaits” ou “bénéfices” ne se limitent pas au domaine de la santé : il y aura une forme de reconstruction du ou des pays, dans tous les secteurs (mobilités, urbanisme, communication etc.).

Mais les scientifiques eux-mêmes prendront-ils conscience que les tours d’ivoire sont vaines ? Pour endiguer le Coronavirus, on a besoin bien sûr des spécialistes des virus, mais aussi des géographes, des psychologues, des informaticiens, des sociologues, des historiens, des économistes, etc. Et encore plus pour en tirer des leçons.

Dans tous les secteurs, le climat, l’énergie, l’éducation, l’économie etc., le croisement des disciplines est un fait majeur : notre organisation en silo pourra-t-elle y survivre ?

Dans les établissements

Cela confirme, si besoin était, la capacité d’initiatives et de mobilisation sur le terrain. On peut, comme on le fait pour le personnel soignant, tirer un coup de chapeau à tous les personnels, enseignants et non-enseignants, universités, organismes, écoles, Crous etc. pour leur capacité à trouver des solutions.

C’est une fois de plus un plaidoyer pour libérer les initiatives des responsables, et leur faire confiance. Et il en faudra relever ce défi de masse pour les universités, qui est aussi un défi économique pour les business schools et leurs “clients” étrangers en particulier.

Il y a bien sûr les cours et les examens, les concours mais aussi les stages obligatoires, un sujet brûlant. Pour les universités, c’est une occasion historique de resserrer les liens avec leurs étudiants, leur principal point faible (ah ces enseignants qui ne répondent pas aux mails de leurs étudiants ?).

Car les enseignants, qu’ils soient en avance ou en retard sur la transformation numérique de la pédagogie, sont face à une énorme attente : faire face en urgence et généraliser ce qui reste trop souvent embryonnaire. Si les grèves étudiantes avaient servi de révélateur en particulier dans les universités évidemment, le Coronavirus devrait accélérer une transformation de fond.

Et puis, il y a ces processus électoraux reportés, ces questions de sécurité dans les labos notamment et ces mille et une choses qui font la vie quotidienne des établissements.

Enfin, il faudra que les “tuyaux” suivent : on le voit pour les ENT de l’éducation nationale, souvent saturés si j’en croit de multiples témoignages. Car si la numérisation des universités et écoles est réelle, elles n’échappent pas toujours à ces problèmes d’infrastructure.

Références

Références
1 Au passage, on aimerait que, comme il y a bien longtemps, les fonctions de Dgesip et de Dgri ne soient plus des fonctions d’accompagnement du ou de la ministre : pourquoi faut-il par exemple, sur Parcoursup, que la Dgesip (ou le Dgesco) soit toujours dans l’ombre ? 

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