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Je vous propose une sélection de quelques ‘billets’ rédigés durant l’année 2023. C’est une façon de se rafraîchir la mémoire sur les faits et événements de l’année, mais aussi de porter un regard critique sur la pertinence ou l’obsolescence des « décodages » et analyses proposés. Rien de mieux que de (se) relire, prendre du recul, voire oser penser contre soi-même … avec l’aide de ses lecteurs et lectrices. Devinez sur quel thème je vous retrouverai en 2024 ? Bien sûr pour évoquer, mais à froid, la question des étudiants étrangers… En attendant, je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année !

Que nous apprend le fiasco annoncé des recteurs/rices dans l’ESR ?

Vous voulez du millefeuille ESR ? Reprenez-en ! L’IGESR vient de publier un bilan accablant de la décision de créer la fonction de recteur délégué à l’ESRI. Mais son rapport soulève une question plus essentielle : comment les pouvoirs publics ont-ils pu malgré les alertes, les études de chercheuses et chercheurs, les comparaisons internationales, et même des discours ‘officiels” s’engager dans cette impasse ? Un changement de paradigme s’impose : les responsables publics à tous les niveaux, façonnés par un “habitus” centralisateur en seront-ils capables un jour ?

Bientôt un étudiant sur deux hors système universitaire : inquiétant non ?

Concernant l’enseignement supérieur, les mondes universitaire et médiatique ont ceci de commun de peu se référer aux chiffres. Les tendances profondes de l’évolution des effectifs sont peu analysées, voire ignorées, sinon sous 2 angles : il faut sélectionner ou il ne faut pas sélectionner. Il serait pourtant plus judicieux de s’inquiéter pour les licences et plus généralement pour l’attractivité des filières universitaires (à quelques exceptions près). La courbe semble inexorable : bientôt 1 étudiant sur 2 sera hors système universitaire. Ce qui “plombera” quoiqu’en pensent beaucoup de scientifiques la recherche française. Pendant ce temps, certains peuvent se préparer à investir dans les groupes d’écoles privées…

Parcoursup, l’autre ‘Linky’ ?

Le monde universitaire n’échappe malheureusement pas aux vérités alternatives et Parcoursup en est une des expressions les plus visibles. Le refus de s’appuyer sur les données réelles de Parcoursup en fait un bouc-émissaire idéal. Il est le nouveau compteur Linky à qui l’on attribue la responsabilité (entre autres) de la sélection sociale, de la sélection tout court d’ailleurs. Le nouveau rapport du Comité éthique et scientifique de Parcoursup mérite une lecture critique certes, mais d’abord une lecture…

2027 : le Rassemblement national et le fruit “universitaire” qui pourrit…

Difficile de ne pas aborder la crise sociale et politique à laquelle nous assistons. Je n’ai pas vocation sur mon blog à décrypter l’actualité générale, qu’elle soit politique sociale, culturelle voire sportive. Si j’évoque les conséquences pour l’ESR de la crise actuelle, il me semble opportun et important de se préparer à quelque chose de plus grave : l’arrivée du RN au pouvoir. Avec une hypothèse plausible : son gouvernement “à l’italienne” regarderait l’Université française s’enfoncer dans ses querelles intestines pour laisser le fruit pourrir. Science-fiction ? Je l’espère.

Bourses étudiantes : bâtir un système à 2 niveaux, national et établissement

Peut-on évoquer les difficultés de vie des étudiants sans sombrer dans la caricature ? C’est possible si l’on part des faits, rien que des faits. Je reviens dans ce billet sur les facteurs cumulatifs qui expliquent des fragilités parfois dramatiques. Et je constate, que les faits précédant comme toujours le droit, la situation est mûre, dans l’intérêt des étudiant(e)s, pour refonder un système de bourses avec 2 niveaux, l’un avec barème national, l’autre avec un contingent librement alloué par les établissements. L’occasion de faire confiance au terrain. Comment et pourquoi ? Suivez-moi.

R&D des entreprises : pourquoi le compte n’y est toujours pas

Il faut le répéter, le décrochage de la France en recherche est aussi dû à la faiblesse de la R&D des entreprises. L’analyse de l’emploi scientifique dans les entreprises est éclairante : il progresse, alors même que les grands groupes du CAC 40 décrochent en R&D ! Le CIR joue de fait un rôle d’adoucisseur de charges et de minimisation de la prise de risque : la faiblesse du recrutement de docteurs en R&D en est l’un des étalons. Alors que loi Allègre et CIR sont des échecs, les améliorations du contrat doctoral, le dispositif “Jeunes docteurs” et les Cifre réussiront-ils à inverser cette tendance ?

L’effet ciseaux des départs à la retraite des chercheurs et enseignants-chercheurs

Le MESR vient de publier “L’état de l’emploi scientifique 2023” portant sur 2020. Ce rapport, riche de données sur lesquelles j’aurais l’occasion de revenir, pointe une “bombe à retardement”. Elle est semble-t-il passée inaperçue, comme le rapport d’ailleurs ! L’accélération des départs à la retraite de chercheurs/euses et enseignant(e)s-chercheurs/euses dans les 10 ans se conjugue avec la baisse importante du vivier de renouvellement (master et doctorat). La France est-elle en train de vivre un nouvel errement de la politique publique à l’image du numerus clausus en médecine et les conséquences désastreuses à long terme que l’on connaît ?

Mon analyse en 2 parties du rapport Gillet :

Responsabiliser les acteurs pour simplifier, mais comment ?

Le rappport Gillet témoigne d’une volonté : celle de S. Retailleau de clarifier les rôles à tous les niveaux et de réhabiliter ce que l’on appelle désormais la recherche à risque. C’est pourquoi je l’analyserai en 2 temps. D’abord sur les changements envisagés entre universités et organismes, au bénéfice des chercheurs, puis sur un éventuel changement majeur du pilotage au niveau de l’Etat, au bénéfice du pays. Deux promesses ambitieuses… Dans cette première partie, je vous livre ma lecture sur 3 aspects : responsabilisation, simplification, et clarification des relations universités-organismes.

Une réflexion plus prospective autour d’une “nouvelle approche budgétaire” disruptive.

Dans cette 2ème partie de mon analyse du rapport Gillet, je reviens sur le constat sévère et illustré du pilotage déficient de l’État, de l’absence de stratégie nationale de recherche, du rôle du SGPI à redéfinir, et la proposition d’une nouvelle approche budgétaire, sur fond d’un sous-financement chronique, qui plus est fragmenté. Le rapport propose ainsi une évolution du CIR pour financer la recherche “exploratoire”, de dégager des moyens de France 2030 pour la recherche à risque, garante d’un système performant, et enfin de doter les 2 000 jeunes chercheurs recrutés chaque année d’un véritable “package” de départ et d’une décharge d’enseignement. Des propositions fortes au moment des arbitrages budgétaires 2024 … épicées d’un service d’enseignement pour tous les chercheurs/euses.

Pendant que les effectifs baissent, les universitaires regardent ailleurs…

Face aux chiffres sans précédent de baisse des effectifs dans les universités (-3,4%), peut-on parler d’un tournant pour l’Université française ? Les communautés universitaires et leurs responsables à tous niveaux sont-ils capables de quitter le logiciel “c’est la faute des autres” ? Car les jeunes et les familles, d’une part vont vers des filières réellement ou faussement sélectives, et d’autre part privilégient l’apprentissage comme aide financière à la poursuite d’études et surtout à l’insertion professionnelle. Les universités ne sont-elles pas en train de payer collectivement l’absence de message clair sur l’excellence de leurs formations, face à celles qui affichent une sélection de façade ?

Pourquoi le monde universitaire échoue-t-il à se faire entendre ?

Après avoir pointé l’indifférence des universitaires à propos de la baisse des effectifs, après avoir souligné l’absence de réflexion collective sur les formations proposées aux jeunes, je reviens cette semaine sur une question essentielle : pourquoi les universitaires échouent-ils à se faire entendre ? L’explication trop simple des élites déconnectées de la recherche ne peut masquer leur propre responsabilité de ne pas avoir su convaincre. Car il s’agit d’un échec collectif : ils/elles pèsent peu, sans cesse absorbés par des querelles internes. Méditons ce que nous disent 2 universitaires, Ch. Prochasson et P. Weil sur ce sujet.

Formations supérieures : ne pas répéter l’erreur de 1966 ?

Des pouvoirs publics qui essaient de serrer les cordons de la bourse et enjoignent aux universités de mieux gérer et de répondre aux besoins de formation du pays, France Universités qui proteste sur le budget, des universitaires qui dénoncent le manque de moyens et de considération pour l’Université française… Rien de nouveau sous la grisaille de l’enseignement supérieur ! Sauf que le décrochage en recherche se combine désormais à la baisse des effectifs universitaires, pas seulement en doctorat, ce qui devrait inciter à une prise de conscience. Chez les pouvoirs publics évidemment, chez les universitaires aussi. Ces derniers peuvent méditer les conséquences de leur refus des IUT en 1966, après celui des enseignements “techniques”.

Effectifs et moyens des universités : “secret-défense” ou transparence ?

Si l’on parle de plus en plus, à juste titre, des “moyens de base” nécessaires au fonctionnement des labos, la même question se pose pour le fonctionnement des formations. Je vous invite à jeter un œil au tableau comparatif de l’évolution des effectifs par université et du montant comparé de leur dotation par étudiant que j’ai compilés. On a là une photographie d’une inégalité aussi importante que celle évoquée pour les conditions de vie des étudiants : il s’agit de leurs conditions d’études.

Allocation d’études universelle : une ‘machine’ à aggraver les inégalités

14 président(e)s d’université ont fait l’actualité (et c’est une bonne chose) en lançant un appel dans Le Monde pour une allocation universelle pour les étudiant(e)s. Et si cette idée noble et généreuse était contre-productive ? Une allocation d’études universelle en CPGE ou à HEC a-t-elle le même sens qu’à l’université ou en STS 🙂 ? Comment des président(e)s d’universités peuvent-ils promouvoir une mesure qui aidera les couches sociales les plus favorisées et par ricochet les établissements les mieux financés ? Alors que Parcoursup fait de la discrimination positive sur les quotas de boursiers, pourquoi ne pas aller vers une “affirmative action” budgétaire selon la composition sociale des effectifs de chaque établissement ? Cela bousculerait le statu quo actuel.

Faut-il “construire de nouvelles universités hors des métropoles” ?

Le sénateur communiste P. Ouzoulias suit les traces du tandem Jospin-Allègre et propose de créer de nouvelles universités hors des métropoles. Or, non seulement la situation démographique a radicalement changé, non seulement le maillage territorial est désormais remarquable, mais cette proposition s’appuie sur une vision de l’université réduite à sa dimension enseignement. Les priorités ne sont-elles pas plutôt de conforter les universités existantes et de rationaliser (réellement) la carte des formations, notamment en STS ? N’est-ce pas le moment d’affronter le déni du réel et de réfléchir, à partir de l’existant, à de véritables et assumés collèges universitaires publics de proximité ?

Changer de ‘logiciel de pensée’, mais pas qu’au CNRS !

Si les résultats PISA font la Une aujourd’hui, avec les effets délétères sur l’enseignement supérieur, la Une de la recherche c’est l’évaluation du CNRS. Ma lecture de son rapport d’évaluation par le comité du HCERES va au-delà du cas de l’organisme de recherche : elle nous en dit autant, voire plus, sur le système français que sur le CNRS lui-même. L’enjeu n’est pas de changer les logiciels de gestion du CNRS (même si 😒…), mais de changer de ‘logiciel de pensée’ ! Le fonctionnement centralisé du système ESR ajoute aux règles publiques, déjà contraignantes, d’autres pesanteurs, avec 3 ministères de la Recherche : MESR, SGPI et CNRS. Sur la base d’une défiance généralisée.

Simplification de la recherche en 18 mois chrono ? Chiche !

Le discours d’E. Macron sur la recherche marque une nette inflexion, en actant le décès des COMP, en remettant en cause le “tout appel à projet” et en prônant un financement pérenne des équipes de recherche. Il demande à S. Retailleau une restructuration du MESR, et aux acteurs une clarification de leur positionnement. Mais surtout, devant le ras-le-bol des chercheurs/euses face au “fardeau bureaucratique”, il leur fixe une échéance : se mettre d’accord d’ici 18 mois pour simplifier le fonctionnement du système… Au pied du mur, MESR, ONR et universités, et j’y ajoute le SGPI oublié par le président, le voudront-ils et sauront-ils le faire ?

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