Le misérabilisme nuit gravement aux étudiants les plus fragiles

Les bons sentiments cachent parfois quelques tartufferies et les indignations masquent trop souvent une impuissance à agir. On met la ‘précarité’ à toutes les sauces, avec une vision misérabiliste des étudiants, comme si ces derniers étaient homogènes socialement. Le résultat de ces ‘indignations’ depuis 30 ans ? Le maintien d’un système de saupoudrage des aides qui pénalise … les plus en difficulté ! Et ce leurre risque bien, en plus, d’occulter le nécessaire réinvestissement dans les universités et le fait que les jeunes et les familles les plus aisées reçoivent en moyenne 1,5 fois plus d’aide publique que les jeunes les moins aisés… Là est le vrai clivage.
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Les droits d’inscription pour les nuls…

C’est fou comme ce genre de débat, un peu comme le vaccin, part en vrille quel que soit le niveau d’études des polémistes ! Les opinions légitimes prennent trop souvent le pas sur les faits, quand elles ne masquent pas une méconnaissance sidérante des chiffres. Car sur 2 700 000 étudiants, 900 000 sont potentiellement concernés tandis que l’invocation permanente des modèles étrangers, gratuits ou payants, méconnaît le fait que les universités y choisissent leurs étudiants. Et puis, le Conseil constitutionnel a « bordé » la question : donc il y a place pour un débat raisonnable ! (suite…)

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Présidentielles : un ‘soft power’ universitaire est-il possible ?

Présidentielles : les universitaires souhaiteraient que l’on parle d’eux et de l’ESR, comme d’ailleurs les artistes, les agriculteurs, les policiers, les personnels de santé, les ouvriers, les employés etc. Le fait distinctif c’est que si le 3ème budget de l’Etat intéresse peu les aspirants candidat(e)s, il n’intéresse surtout personne hors des campagnes électorales ! Alors qui est responsable de cette absence du débat national ? Peut-on imaginer que si l’Université change de posture, l’État changera aussi ? Et peut-on développer un ‘soft power’ universitaire qui ne se réduise pas à celui des individus ? (suite…)

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Organismes de recherche : le statu quo est-il tenable ?

Dès que l’on évoque les organismes de recherche, on est vite soupçonnés de vouloir « casser » les statuts nationaux, de « détruire » la recherche, et bien d’autres choses encore. Les arguments sur la grandeur scientifique de la France se mêlent à d’autres plus triviaux qui servent tous à justifier un Yalta : pas touche aux organismes de recherche. Mais pendant que les universités sont en permanence sommées d’évoluer, les « vaches sacrées » françaises demeurent intouchables. Le hic, c’est que cette organisation unique au monde a montré ses limites lors de la crise sanitaire : et ce n’est pas qu’un problème de financement. Pourtant c’est « Circulez, il n’y a rien à voir. »
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Pourquoi Sciences Po j’en peux plus !!!!!!

Sciences Po par ci, Sciences Po par-là, je dois dire que je sature. Oui, diriger Sciences Po est attractif. Oui la gouvernance dans l’enseignement supérieur est un vrai sujet. Mais si Sciences Po (et certaines écoles) restent le nombril et le creuset de la France des élites, ceci illustre la persistance d’un aveuglement consternant dans un monde en pleine transformation : une vidéo hilarante que je vous propose de découvrir à la fin de mon billet vous l’exprimera bien mieux que moi, à propos du recrutement des « consultants ».
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Faisons confiance aux étudiant(e)s !

On l’a oublié, mais que n’a-t-on pas entendu depuis des mois à propos des étudiants : indisciplinés, irresponsables, démotivés, tricheurs, pas au niveau et, autre face de la même pièce fantasmatique et négative, miséreux, dépressifs etc. Ce florilège donne à voir une vision bien frileuse (et triste) de la jeunesse. L’enthousiasme de la rentrée en présentiel est l’occasion de revenir sur le clivage quasi culturel entre les tenants de la défiance vis-à-vis des étudiants et les tenants de la confiance. Un vieux problème éducatif dans un pays qui parle de « faute d’orthographe » quand les autres langues parlent d’ « erreur » orthographique… Tout un symbole.

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Quinquennat Macron et ESR : la pente glissante de la recentralisation

Pour cette rentrée, je reviens sur le bilan du quinquennat d’E. Macron que j’ai réalisé à la demande de l’Institut Montaigne : mes lectrices et lecteurs ne seront pas surpris de sa tonalité. J’y aborde à la fois le sous-financement structurel des universités françaises et la recentralisation de l’ESR autour des organismes et du Ministère. Car le nœud gordien que refuse de trancher le gouvernement, c’est cette confusion des rôles entre universités, organismes de recherche et ANR, et HCERES.  (suite…)

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ESR français : que de temps perdu…

C’est une banalité d’évoquer le sous-financement des universités. Mais la bureaucratie à la française mine tout autant le fonctionnement d’un système sur lequel le dernier opus de la Cour des comptes sur le HCERES projette, s’il en était besoin, un éclairage cru. Au-delà du HCERES, les coûts de transaction colossaux dans l’ESR débouchent en effet sur la double peine : en plus de la ressource financière, on ampute la principale ressource des acteurs qu’est le temps. Et le temps c’est de l’argent.
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3 processus bureaucratiques qui en disent long

Comment ne pas être subjugué par le génie bureaucratique français ? La lecture des rapports de la Cour des comptes ou des diverses inspections vaut toujours le détour. On en retient que moins il y a d’argent, plus il y a de dispositifs, par exemple pour la COVID-19. Et quand il y a de l’argent (les PEPR), on construit aussi des usines à gaz. Enfin rien ne vaut le décryptage d’une bonne circulaire à l’ancienne : car s’il y a des lois, des décrets, des arrêtés, cela demeure la clé du fonctionnement d’un système qui marche de plus en plus sur la tête. Celle sur le rôle des recteurs, recteurs délégués et DRARI (ex DRRT) mérite le détour ! Et se lit en creux comme l’aveu d’échec de la mise en place des recteurs délégués… (suite…)

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« Littéraires » de tout le pays, unissez-vous !

Quoi de plus inutile qu’un (e) »littéraire » ? Le cliché de l’université « usine à chômeurs » vient en grande partie de cette affirmation, issue de l’époque où ces diplômés n’avaient pour seuls débouchés que l’enseignement, et plus généralement la fonction publique. Comme tous les clichés, il a la vie dure, renforcé malheureusement par celles et ceux qui défendent les ‘littéraires’ au nom des « savoirs désintéressés. » Et bien non, ce sont justement des savoirs « intéressés », intéressés au sens du monde et de ses évolutions, intéressés à la compréhension de l’humain, des signes et des signaux faibles, entre autres.   (suite…)

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Le long chemin de croix de F. Vidal

Attaquée de toute part, y compris dans les médias qui ne soupçonnaient pas son existence, F. Vidal fait face à des interrogations ouvertes et nombreuses sur son rôle de ministre. Elle semble impuissante, non seulement dans ses choix, mais pour son poids politique dérisoire et sa communication calamiteuse. Si le retour en présentiel des étudiants de 1ère année est une fragile bonne nouvelle, on peut s’interroger sur les conséquences de cette incarnation politique évanescente pour la vision qu’ont eu les pouvoirs publics des étudiants et des universités. Frédérique Vidal aurait dû et pu convaincre plus et mieux au sein du gouvernement : encore aurait-il fallu qu’elle soit … convaincante. (suite…)

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Mon année 2020

Lorsque l’on chronique l’actualité de l’ESR au fil de l’eau, l’humilité indispensable pour être crédible impose un exercice pas si aisé : se relire et prendre du recul, accepter le fait que l’on se laisse parfois emporter par les modes, ou bien que l’on n’a pas saisi telle ou telle tendance. Bref, porter un regard critique sur son travail, ce que journalistes et médias pourraient utilement faire ! Mais la capacité d’autocritique étant par nature limitée, je crois surtout que c’est vous, fidèle lectrice, fidèle lecteur, de plus en plus nombreux, qui pourront en juger. Voici donc mon année 2020. Et je vous souhaite une année 2021 positive : en moins d’un an, les scientifiques ont réussi à trouver des vaccins, les étudiant (e)s n’ont pas eu les comportements « asociaux » que l’on prédisait : miser sur eux est un investissement d’avenir ! (suite…)

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CNU : ministère et universitaires s’intéresseront-ils un jour … à la science ?

C’est une réalité humaine bien documentée … par la science : le regard du monde académique sur lui-même peine à s’extraire du manque de recul, de l’affect, de l’idéologie, bref tout ce qui crée les conditions d’approches biaisées et de polémiques qui freinent des solutions constructives. Alors que la communauté scientifique rappelle sans cesse la nécessité pour les pouvoirs publics de s’appuyer sur la recherche dans les processus de décision, le MESRI aurait été bien inspiré de le faire à propos du CNU ! Ses opposants aussi.
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Ma vision (un peu décalée) de l’actualité récente

Au sortir de ces vacances de la Toussaint, marquées à la fois par les crimes terroristes et le reconfinement, je reviens sur l’actualité récente dans laquelle j’ai sélectionné quelques thèmes : HCERES, polémiques sur l' »islamo-gauchisme », les libertés académiques, la différence de traitement CPGE-Universités, ou encore quelques chiffres. (suite…)

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Crédits LPR, plan de relance et ESR : ce n’est pas rien, mais quand ?

Sur les 100 Md€ du plan de relance, le MESRI estime la part de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation à 6,5 Md€, et ce sur 3 ans. On ne peut nier qu’il s’agisse d’un montant important, censé arriver en plus des fonds promis dans le cadre de la LPR. Comme toujours dans l’Etat français, la question reste la conception, la qualité de l’exécution, et son rythme. A force de lire des rapports officiels, notamment de la Cour des comptes, sur son efficience, il y a quelques points de vigilance…. (suite…)

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