Bac : le niveau qui baisse ? Un vieux débat !

Comme toujours au moment du bac reviennent les plaintes lancinantes sur le niveau qui baisse. Ce qui est avéré, ce sont les types de lacunes que révèlent les enquêtes Pisa et Timms. Car si l’on écoutait les Cassandre, depuis le temps, notre pays, à force de niveau qui baisse, serait peuplé d’analphabètes et ses habitants seraient encore des ‘chasseurs-cueilleurs’... Mais puisque cette nostalgie des neiges d’antan irrigue les débats, je me suis plongé dans les archives du Monde à propos du niveau des étudiants. J’ai procédé à une sélection d’articles sur la fin des années 40 et des années 50 : en ces temps-là, celles et ceux qui passaient le bac et arrivaient à l’université n’avaient rien à voir avec les ‘publics’ actuels. Et pourtant déjà leur niveau « baissait » dangereusement car les taux d’abandon frisaient les 35% !

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Evaluation : ce n’est qu’un début, poursuivons le débat !

L’évaluation est un sujet inépuisable dans l’enseignement supérieur et la recherche. Elle n’est pourtant, comme le HCERES, que le sommet d’un iceberg dont la partie immergée est…de l’ordre de l’infini. C’est pourquoi mon billet sur le temps perdu dans l’ESR ne concernait pas que le HCERES, si ce n’est comme point de départ d’une réflexion sur le temps gaspillé. Quelques uns de mes lecteurs ont cependant réagi, dont le président du HCERES. J’ajoute à leurs contributions celle sur l’audit des bénéfices-coûts de l’évaluation réalisée au Royaume-Uni. Avec 280M€ contre 20M€ en France, cela ridiculise un peu l’approche de la Cour des comptes, incapable de faire une simulation en coûts complets. Un comble ! (suite…)

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ESR français : que de temps perdu…

C’est une banalité d’évoquer le sous-financement des universités. Mais la bureaucratie à la française mine tout autant le fonctionnement d’un système sur lequel le dernier opus de la Cour des comptes sur le HCERES projette, s’il en était besoin, un éclairage cru. Au-delà du HCERES, les coûts de transaction colossaux dans l’ESR débouchent en effet sur la double peine : en plus de la ressource financière, on ampute la principale ressource des acteurs qu’est le temps. Et le temps c’est de l’argent.
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3 processus bureaucratiques qui en disent long

Comment ne pas être subjugué par le génie bureaucratique français ? La lecture des rapports de la Cour des comptes ou des diverses inspections vaut toujours le détour. On en retient que moins il y a d’argent, plus il y a de dispositifs, par exemple pour la COVID-19. Et quand il y a de l’argent (les PEPR), on construit aussi des usines à gaz. Enfin rien ne vaut le décryptage d’une bonne circulaire à l’ancienne : car s’il y a des lois, des décrets, des arrêtés, cela demeure la clé du fonctionnement d’un système qui marche de plus en plus sur la tête. Celle sur le rôle des recteurs, recteurs délégués et DRARI (ex DRRT) mérite le détour ! Et se lit en creux comme l’aveu d’échec de la mise en place des recteurs délégués… (suite…)

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Les années Mitterrand : pourquoi le plan U2000 a été essentiel

Vous n’y échapperez pas ! Moi aussi, je reviens sur cette date du 10 mai 1981 avec l’élection de F. Mitterrand. Mais vous noterez que nous ne serons pas nombreux à l’évoquer du point de vue de l’enseignement supérieur et de la recherche. Donc j’espère que cela rafraîchira la mémoire de certains, ou que cela apportera un éclairage peut-être différent ! N’étant pas historien, ce billet ne vaut que par ce que je crois devoir retenir de cette période, comme je l’ai fait pour les années Giscard. Plus que la loi Chevènement ou la loi Savary, la création de 8 universités et de 24 IUT dans le plan U2000 marque selon moi un tournant. Qui ne masque cependant pas des échecs majeurs. (suite…)

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« Littéraires » de tout le pays, unissez-vous !

Quoi de plus inutile qu’un (e) »littéraire » ? Le cliché de l’université « usine à chômeurs » vient en grande partie de cette affirmation, issue de l’époque où ces diplômés n’avaient pour seuls débouchés que l’enseignement, et plus généralement la fonction publique. Comme tous les clichés, il a la vie dure, renforcé malheureusement par celles et ceux qui défendent les ‘littéraires’ au nom des « savoirs désintéressés. » Et bien non, ce sont justement des savoirs « intéressés », intéressés au sens du monde et de ses évolutions, intéressés à la compréhension de l’humain, des signes et des signaux faibles, entre autres.   (suite…)

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Incompétence, improvisation, lâchetés : la politique ESR sur le gril

L’historien Christophe Charle pose, dans le livre coordonné par S. Beaud et M. Millet, « L’université pour quoi faire », une question iconoclaste : l’état des politiques publiques en matière d’enseignement supérieur et de recherche en France est-il un choix de méchants capitalistes, ou bien plutôt un concentré d’incompétences, d’improvisations, voire de lâchetés ? Si cette hypothèse audacieuse évacue un peu vite les raisons profondes du fonctionnement déficient de l’Etat, elle tranche avec la doxa déployée par les autres auteur(e)s dans ce qui était censé être un plaidoyer en faveur de l’université. On s’attendait (enfin) à une vision positive et on a droit à ces sempiternelles déplorations, aux slogans éculés, voire carrément à des tracts politico-syndicaux. Qui passent comme souvent, à côté de l’essentiel. (suite…)

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Reprise d’études supérieures : une tendance forte

25% des candidats en 1ère année de l’enseignement supérieur ne sont pas des néo bacheliers ! Qui sont-ils/elles, quels sont leurs choix et peut-on définir des profils-types ? Ces reprises d’études interrogent en tout cas à la fois sur la mesure de la réussite et l’adaptation des dispositifs de formation continue. Retrouvez mon analyse pour XERFI Canal de cette tendance révélée par les chiffres de Parcoursup. (suite…)

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Niveau des étudiants : l’éternel débat !

Nouveau bac, contrôle continu, examens à distance, l’année en cours sera-t-elle l’apocalypse annoncée, avec une baisse de niveau et l’aggravation des inégalités dans les universités ? Difficile d’analyser sereinement et « à chaud » ce qu’il se passe. Mais remarquons que si les médias et des universitaires se posent cette question, personne n’interroge la qualité des examens dispensés aux plus de 500 000 étudiants du secteur privé, dont le modèle économique dépend du nombre d’inscrits… Là encore je propose de prendre (encore) un peu de recul en poursuivant ma note de lecture de Marc Bloch et en faisant appel aux éclairages d’Alain Boissinot, ancien recteur et de François Vatin, professeur à Paris-X Nanterre. (suite…)

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Polémiques universitaires : un peu de sagesse ne nuirait pas

Il y a 3 ans je créais ce blog, avec l’intention affichée de contribuer positivement à promouvoir l’Université, y compris et malheureusement peut-être surtout … chez les universitaires. Face aux polémiques actuelles incessantes (islamo-gauchisme, Unef etc.) je vous invite à faire un pas de côté : je livre à la réflexion une note de lecture (un peu raccourcie) publiée il y a 2 ans à propos d’un très beau texte de Marc Bloch. Bachotage, examens, pédagogie, universités et grandes écoles, formation des élites, la rigueur de son raisonnement favorise le débat sans faire du contradicteur un ennemi. Si les étudiants étaient vraiment un enjeu, on aimerait qu’ils inspirent quelques tribunes… (suite…)

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Universités : 1971, année volcanique, 2021 année cacophonique

J’essaie régulièrement de regarder un peu en arrière pour prendre de la distance avec la dictature des réseaux sociaux et de l’immédiateté. Ces 2 fléaux modernes sont à la pensée rationnelle ce que les rebouteux sont aux médecins. Je me suis donc amusé à passer en revue l’année 1971, celle de la mise en place réelle de la loi Faure (Cneser, statuts et élection des présidents d’universités, création de la CPU etc.). Les polémiques sont beaucoup plus violentes qu’aujourd’hui, mais on arrive à percevoir l’esquisse de grandes ruptures. Il y a 50 ans, on y retrouve aussi les fantômes de certains débats actuels. Pour rire mais aussi parfois pleurer…  (suite…)

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Universitaires : l’art inimitable de l’auto-dénigrement

Depuis longtemps je m’interroge sur le décalage entre la réalité des transformations des universités et l’incapacité des universitaires eux-mêmes à en percevoir les aspects positifs pour les étudiants. Pourtant, les indicateurs sont incontestables : le ‘drame’ 🤔 c’est qu’ils concernent les étudiants et leurs familles … ce qui n’intéresse pas forcément une partie de la communauté académique, concentrée exclusivement sur ses querelles internes. Ceci explique sans doute cette défiance de l’opinion publique : la haine de soi des universitaires est visible ! L’université a-t-elle besoin qu’on la défende ? Ou a-t-elle besoin pour la défendre que l’on mette en avant ses succès ? (suite…)

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Une ministre aurait pu dire ça…

Après des mois de crise sanitaire, stress et pessimisme semblent la règle pour beaucoup dans l’ESR : tout conduit à ne voir que les choses négatives. C’est même le parti pris de la ministre avec sa polémique stérile sur l’islamo-gauchisme, mais c’est aussi celui d’une grande partie de ses opposants. Tous convergent sur un message implicite ou explicite : rien ne va à l’université. Et pourtant, si l’on s’éloigne du subjectif, de la sentence en 280 signes sur twitter, et que l’on analyse froidement les choses, voici ce qu’une ministre et même ses détracteurs auraient pu dire de positif. Sur Parcoursup, sur les masters, sur le doctorat. (suite…)

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Pourquoi et comment F. Vidal a « mangé son chapeau »

Non il n’y aura ni enquête, ni étude sur l' »islamo-gauchisme » à l’université. De fait, F. Vidal a « mangé son chapeau » dans un naufrage politique et médiatique inédit. Personne ne pouvait imaginer sérieusement que cela aurait été possible, connaissant le fonctionnement des universités. Mais au-delà d’un amateurisme confondant, la face cachée de cette polémique, c’est une fois de plus l’entreprise de dénigrement de l’université, portée par la ministre elle-même, et ce au plus mauvais moment, celui de Parcoursup. Voici mon analyse, d’abord sur la forme, ensuite sur le fond. (suite…)

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Étudiant(e)s : ne parlons pas à leur place !

La situation des étudiants est désormais à la Une de l’actualité et c’est une bonne chose. Mais parce qu’ils/elles ont montré un « civisme » élevé malgré les prédictions « catastrophistes », le meilleur soutien à leur apporter n’est pas de surenchérir dans le larmoyant, le misérabilisme, la déploration et l’émotion. Les « victimiser » en permanence, c’est pointer leurs fragilités, pas leurs talents, leur énergie. Oui leur situation est globalement difficile, mais très différenciée à l’image d’un milieu très hétérogène. C’est pour cette raison qu’aux micro trottoirs racoleurs, je préfère m’appuyer sur 2 enquêtes :  celles de l’Observatoire de la Vie étudiante avant et pendant le premier confinement. Et je dois dire qu’il y a quelques surprises ! Laissons leur la parole plutôt qu’aux réseaux sociaux. (suite…)

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