Humeurs d’hiver sur l’enseignement supérieur et la recherche

Que retenir de ces quelques semaines de 2024 dans l’ESR ? La décision du Conseil constitutionnel sur la caution étudiante n’épuise pas la réflexion au-delà des postures, tandis que la démission du recteur de Paris désavoué par la ministre, est saluée par les syndicats, symbole du ‘bal des hypocrites’ que j’évoquais. Postures aussi, lorsque loin de la catastrophe prédite par les Cassandre, l’analyse des chiffres 2023 des admissions en master confirme que l’on est loin, très loin du malthusianisme. Mais avec de vraies questions ! Enfin, les premiers résultats des élections universitaires nous montrent que la gouvernance des universités Idex est sur un fil, un signal inquiétant. (suite…)

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Étudiants étrangers : il n’est pas interdit de réfléchir

Bien qu’opposé à la loi sur l’immigration, pas seulement sur son aspect étudiant, je pense qu’il n’est pas interdit de réfléchir, même si cela me vaudra des insultes, sur le poison d’une vision franco-française, qui n’épargne malheureusement pas l’ESR. Cela témoigne d’un climat de repli sur soi que l’on rencontre justement dans des camps auxquels on croit s’opposer… La victoire « culturelle » du RN, c’est aussi ça : s’arc-bouter en permanence sur la spécificité française au détriment des apports étrangers. Je présente donc à toutes mes lectrices et lecteurs mes meilleurs vœux d’optimisme, mais aussi de lucidité pour savoir penser contre soi-même.
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Simplification de la recherche en 18 mois chrono ? Chiche !

Le discours d’E. Macron sur la recherche marque une nette inflexion, en actant le décès des COMP, en remettant en cause le « tout appel à projet » et en prônant un financement pérenne des équipes de recherche. Il demande à S. Retailleau une restructuration du MESR, et aux acteurs une clarification de leur positionnement. Mais surtout, devant le ras-le-bol des chercheurs/euses face au « fardeau bureaucratique », il leur fixe une échéance : se mettre d’accord d’ici 18 mois pour simplifier le fonctionnement du système… Au pied du mur, MESR, ONR et universités, et j’y ajoute le SGPI oublié par le président, le voudront-ils et sauront-ils le faire ?  (suite…)

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Changer de ‘logiciel de pensée’, mais pas qu’au CNRS !

Si les résultats PISA font la Une aujourd’hui, avec les effets délétères sur l’enseignement supérieur, la Une de la recherche c’est l’évaluation du CNRS. Ma lecture de son rapport d’évaluation par le comité du HCERES va au-delà du cas de l’organisme de recherche : elle nous en dit autant, voire plus, sur le système français que sur le CNRS lui-même. L’enjeu n’est pas de changer les logiciels de gestion du CNRS (même si 😒…), mais de changer de ‘logiciel de pensée’ ! Le fonctionnement centralisé du système ESR ajoute aux règles publiques, déjà contraignantes, d’autres pesanteurs, avec 3 ministères de la Recherche : MESR, SGPI et CNRS. Sur la base d’une défiance généralisée. (suite…)

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Humeurs d’automne sur l’enseignement supérieur et la recherche

L’actualité récente est marquée par des chiffres qui traduisent une accélération du déclin de la recherche française, la création d’une nouvelle université de technologie, sans bilan de l’existant, des contre-budgets LR et PS surprenants, la poursuite de la cacophonie des évaluations entre HCERES et Cour des comptes, un emballement médiatique autour des logements étudiants et les JO et puis, une « pépite » de la gauche ‘caviar’ à propos du lycée autogéré de Paris.
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Effectifs et moyens des universités : « secret-défense » ou transparence ?

Si l’on parle de plus en plus, à juste titre, des « moyens de base » nécessaires au fonctionnement des labos, la même question se pose pour le fonctionnement des formations. Je vous invite à jeter un œil au tableau comparatif de l’évolution des effectifs par université et du montant comparé de leur dotation par étudiant que j’ai compilés. On a là une photographie d’une inégalité aussi importante que celle évoquée pour les conditions de vie des étudiants : il s’agit de leurs conditions d’études. (suite…)

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Allocation d’études universelle : une ‘machine’ à aggraver les inégalités

14 président(e)s d’université ont fait l’actualité (et c’est une bonne chose) en lançant un appel dans Le Monde pour une allocation universelle pour les étudiant(e)s. Et si cette idée noble et généreuse était contre-productive ? Une allocation d’études universelle en CPGE ou à HEC a-t-elle le même sens qu’à l’université ou en STS 🙂 ? Comment des président(e)s d’universités peuvent-ils promouvoir une mesure qui aidera les couches sociales les plus favorisées et par ricochet les établissements les mieux financés ? Alors que Parcoursup fait de la discrimination positive sur les quotas de boursiers, pourquoi ne pas aller vers une « affirmative action » budgétaire selon la composition sociale des effectifs de chaque établissement ? Cela bousculerait le statu quo actuel.
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Pourquoi le monde universitaire échoue-t-il à se faire entendre ?

Après avoir pointé l’indifférence des universitaires à propos de la baisse des effectifs, après avoir souligné l’absence de réflexion collective sur les formations proposées aux jeunes, je reviens cette semaine sur une question essentielle : pourquoi les universitaires échouent-ils à se faire entendre ? L’explication trop simple des élites déconnectées de la recherche ne peut masquer leur propre responsabilité de ne pas avoir su convaincre. Car il s’agit d’un échec collectif : ils/elles pèsent peu, sans cesse absorbés par des querelles internes. Méditons ce que nous disent 2 universitaires, Ch. Prochasson et P. Weil sur ce sujet.
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Formations supérieures : ne pas répéter l’erreur de 1966 ?

Des pouvoirs publics qui essaient de serrer les cordons de la bourse et enjoignent aux universités de mieux gérer et de répondre aux besoins de formation du pays, France Universités qui proteste sur le budget, des universitaires qui dénoncent le manque de moyens et de considération pour l’Université française… Rien de nouveau sous la grisaille de l’enseignement supérieur ! Sauf que le décrochage en recherche se combine désormais à la baisse des effectifs universitaires, pas seulement en doctorat, ce qui devrait inciter à une prise de conscience. Chez les pouvoirs publics évidemment, chez les universitaires aussi. Ces derniers peuvent méditer les conséquences de leur refus des IUT en 1966, après celui des enseignements « techniques ».
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Pendant que les effectifs baissent, les universitaires regardent ailleurs…

Face aux chiffres sans précédent de baisse des effectifs dans les universités (-3,4%), peut-on parler d’un tournant pour l’Université française ? Les communautés universitaires et leurs responsables à tous niveaux sont-ils capables de quitter le logiciel « c’est la faute des autres » ? Car les jeunes et les familles, d’une part vont vers des filières réellement ou faussement sélectives, et d’autre part privilégient l’apprentissage comme aide financière à la poursuite d’études et surtout à l’insertion professionnelle. Les universités ne sont-elles pas en train de payer collectivement l’absence de message clair sur l’excellence de leurs formations, face à celles qui affichent une sélection de façade ?
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Mon actualité ESR de juin 2023

Un signal d’alarme dans ce billet sur la question des étudiants étrangers qui risque d’être instrumentalisée, à l’image d’autres pays. Un peu d’actualité dans un mois de juin polarisé par le bac, Parcoursup, Mon Master, et 2 rapports parlementaires sur la loi ORE. A chaque fois, le même constat : les compromis boiteux, l’absence de position claire et le manque de courage politique conduisent à de la défiance et des dysfonctionnements. On espère ainsi que le rapport Gillet ne débouchera pas sur une énième simplification avortée. Et puis, autour de la polémique « Canto-Sperber » je ne peux m’empêcher d’égratigner la ‘gauche’ qui dénonce la sélection d’un côté et de l’autre la promeut …  (suite…)

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Rapport Gillet (1) : responsabiliser les acteurs pour simplifier, mais comment ?

Le rappport Gillet témoigne d’une volonté : celle de S. Retailleau de clarifier les rôles à tous les niveaux et de réhabiliter ce que l’on appelle désormais la recherche à risque. C’est pourquoi je l’analyserai en 2 temps. D’abord sur les changements envisagés entre universités et organismes, au bénéfice des chercheurs, puis sur un éventuel changement majeur du pilotage au niveau de l’Etat, au bénéfice du pays. Deux promesses ambitieuses… Dans cette première partie, je vous livre ma lecture sur 3 aspects : responsabilisation, simplification, et clarification des relations universités-organismes.
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Parcoursup et le bac, S. Retailleau et les parlementaires, Paris-I et le syndrome de Stockholm

Une audition importante de S. Retailleau devant une commission de l’Assemblée : presqu’aucun parlementaire présent. Un événement co-organisé par une université, en l’occurrence Paris-I et un média national, Libération : aucun débat sur la recherche et l’enseignement supérieur. Pourtant, cela aurait pu les intéresser, puisque Parcoursup modifie en profondeur notre système : à la sélection « légitime » au niveau du bac se substitue celle des établissements. Côté recherche, les relations MESR-SGPI et universités-organismes sont en train d’évoluer sérieusement. Mais non : l’université n’est pas un sujet majeur, sauf en cas de crise sociale…
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Précarité chez les personnels de l’ESR : nuançons !

La ‘précarité’ des personnels de l’ESR augmente-t-elle, selon une idée largement répandue ? Ce n’est pas ce que disent les chiffres sauf chez les personnels de soutien qui intéressent si peu… Ceci ne remet pas en cause le sous-financement structurel de l’ESR mais permet de mieux cerner les progrès réalisés et les évolutions en cours. Au fond, comme la ‘précarité étudiante’ mise à toutes les sauces,  les polémiques autour de la ‘précarité’ des personnels masquent des questions plus stratégiques et sensibles, comme l’offre de formation ou encore la gestion des heures complémentaires. Sans parler des dérives bureaucratiques liées à la multiplication des statuts.
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Mon actualité ESR d’avril 2023

Que retenir durant ce mois d’avril dans l’ESR ? Laissons de côté les habituels bugs des plateformes qui entretiennent la défiance sur des procédures (Galaxie, Mon master) et penchons-nous sur l’essentiel. C’est notamment la capacité de S. Retailleau à peser sur la politique gouvernementale dans l’ESR, les difficultés récurrentes du site lyonnais, les crispations autrement plus importantes que pour les masters dans les écoles d’art, d’architecture et les Ifsi, le charme discret des débats franco-français ou encore la stratégie de déminage d’un acteur majeur de l’enseignement supérieur privé.
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